Description
Icône: Le Christ dans le jardin de Guethsémanie sur le Mont des Oliviers, deuxième moitié du XVIIe. Moscou (?)
Dimensions : H. 45.1x31.3x3 cm
Le Musée russe de Moscou conserve dans ses salles deux icônes proches par leur style de celle-ci, cf. Russkoe cerkovnoe isskustvo novogo vremeni, Moscou, 2004, ill. 12 et 12a.
Conservation : Très bonne. Quelques petites restaurations éparpillées sur la surface de la pièce.
Provenance : Collection suisse
Références
Christ au jardin de Gethsémani sur le Mont des Oliviers ou l'Agonie dans le jardin LOT 83
L’agonie du Christ au Jardin des Oliviers est l’un des passages les plus connus des Evangiles. Il marque le début de la Passion. Jésus, sachant que l’heure est proche, traverse une nuit effroyable. Il vient prier au Jardin des Oliviers accompagné des onze de ses disciples alors que Judas prépare sa trahison. « Asseyez-vous ici pendant que je vais là pour prier » dit Jésus à ses disciples (Mt, 26, 36 ; Mc, 14, 32 ; Lc 22, 39-40). Mais les disciples s'endorment, même les trois les plus proches, Pierre, Jacques et Jean cèdent au sommeil alors que le Christ se prépare à la mort. A prime abord, les disciples sont condamnables, mais on se demande, dans ce cas, pourquoi tant d’exégètes ont cherché à expliquer cet abandon et, parfois, à le comprendre ; pourquoi tant de peintres l’ont représenté sans en faire l’antithèse de la veille douloureuse du Christ.
Seuls les évangiles synoptiques (Mt, 26, 30-46 ; Mc, 14, 12-42 ; Luc, 22, 39-46) rapportent l’Agonie de Jésus au Jardin des oliviers. Jean explique simplement (18, 1) qu’après le repas pascal « Jésus s’en alla avec ses disciples au-delà du torrent du Cédron. Il y avait là un jardin où il entra avec ses disciples ». Les trois évangiles font état de leur étonnant sommeil, mais pas de la me
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face=Arial size=3>on. Chez Luc, il n’est mentionné qu’une fois. Jésus, dont la sueur est devenue « comme des caillots de sang» (Lc, 22, 44), retourne vers ses disciples qu’il a laissés un peu à l’écart. « Il les trouva endormis de tristesse » (Lc, 22, 45). Cette indication capitale n’a pas d’équivalent dans les autres Evangiles.
Chez Matthieu et Marc, le déroulement de l’épisode est beaucoup plus complexe. A trois reprises, Jésus, qui s’est éloigné pour prier, revient vers ses disciples et les trouve endormis. Les disciples savent plus ou moins bien que le sort du monde se joue en cet instant, mais ils n’ont pas la force de garder les yeux ouverts (D.Menager, 2008).
Au même moment le Christ prie devant son Père. Les trois évangiles synoptiques résument admirablement cette prière : « Mon Père, s'il est possible, que cette coupe (de souffrance et de mort) s'éloigne de moi ! Cependant (qu'il en aille) non comme moi, je veux, mais comme Toi, tu veux » (Mt, 26, 39 et 42 ; Mc, 14, 36 ; Lc 22, 42 ; Jn, 12, 27-28). C'est justement ce moment de la vie du Christ qu'illustre l'icône du Christ au jardin de Guethsémanie. Le Christ est en train de prier et dans sa prière, il a la vision de la Croix sur laquelle il va périr et du calice qui va accueillir son sang, ce même calice qui sur les images représentant saint Jean-Baptiste, accueille Jésus, petit enfant couché, nu, victime expiatoire du genre humain.
L’iconographie la scène apparait au IVe siècle. Le Christ est représenté debout, en train de prier, la scène commence le cycle de la passion. En tant que telle, elle est largement inspirée par le texte de Jean, 17, 1-13. L'Evangéliaire de Rossano, (fol.8v), manuscrit du VIe siècle montre le Christ aussi bien en proskynesis (prosternation) qu'en train de réprimander les disciples endormis (J.Williams, 2003). On retrouve cette iconographie de nouveau à Byzance au XIe siècle dans une des manuscrit du Mont Athos, Dionisios, 584 (The Oxford, 1991) Ella apparaît en Russie probablement au cours du XVe siècle.
Littérature :
D.Menager, Le sommeil des apôtres au jardin, des oliviers, Camenae, N°5, nov. 2008, p. 2 et suiv.
The Oxford Dictionary of Byzantium, New York, Oxford, 1991, t.I, p. 37-38
J.Williams, Imaging the Early Medieval Bible, Pennsilvania University Press, 2003, p. 19